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Veni, vidi, vinci
20 février 2007

Rochester, le dernier des libertins

Pour réaliser Rochester, le dernier des libertins, Laurence Dunmore, un petit sournois, a visiblement récupéré les acteurs et les décors d’Orgueil et Préjugés (voir cet article) . Pour un coût minimal, il a donc pu réaliser son film en douce comme si de rien n’était. Le comte de Rochester (interprété par Johnny Depp) est bien malheureux : il est beau, jeune, riche, favori du Roi Charles II (qui lui pardonne ses fredaines et l’embastille quand il va trop loin). Sa femme qu’il a enlevée est riche à mourir et folle de lui, et il possède des domaines immenses. C’est bien trop pour un seul homme, aussi le comte défie le Ciel et un scénario particulièrement inepte en disant des gros mots et en attrapant la syphilis, On voit bien qu’il est libertin, parce qu’il a les cheveux gras, qu’il porte des chemises sales et déchirées ouvertes sur le devant, et qu’il drague sec. L’action se passe au XVII ème siècle, tout le casting est sale. A la cour règnent donc un parfum de scandale (en plus du parfum de crotte qu’on imagine fort bien) et Charles II. Tout n’est que luxure, calme et volupté : Johnny fait des mots d’esprits, Johnny participe à des bals – musqués, vu la tête sale des participants - , mais patience : Johnny finit par attraper la syphilis. Couvert de boutons au début, il ressemble de plus en plus, au fur à et mesure qu’avance le film à un petit salé au lentilles à consommer avant fin 1986, ne pas dépasser la date limite. Il a un autre point commun avec le cassoulet : il adore mettre les gens en boîte. Cela dit, rien n’arrête Johnny : ni sa tête de cassoulet, ni les foudres de John Malkovitch, (qui préfère être dans sa peau que dans celle de Johnny Depp, et on le comprend), ni la misère, ni l’incompréhension de ses proches, qui le pressent d’arrêter de faire des happenings où les acteurs se barbouillent de sperme et de sang, des années avant l’angry generation. En effet, Rochester est passionné de théâtre, et décide d’aider une jeune actrice à devenir une grande actrice. Evidemment, Johnny ne sait pas aimer, et l’actrice n’aime pas le petit salé au lentilles (même si elle accepte de passer à la casserole). A la maison, la femme de Johnny pleure et fait cuire de la potée auvergnate en souvenir de son mari, qui pratique au sens propre la distanciation brechtienne, puisqu’il parvient désormais à laisser à distance des morceaux de son corps un peu partout. Johnny et l’actrice vivent une folle passion pleine de déchirements (au sens propre pour Johnny). Les années passent, Johnny se radicalise, enfonce Stanislavski, Brecht et Kamel Ouali : il finit par réaliser un spectacle qui met en scène un phallus géant et ridiculise la cour de France devant l’ambassadeur de France. Pour le coup, celui-ci est vraiment très furieux, et John Malkovitch décide de punir Johnny. Johnny joue au petit Poucet, et se disperse (toujours au sens propre) pour échapper à ses poursuivants. Ses amis le délaissent, l’actrice l’abandonne, seule sa femme lui est fidèle et le recueille tandis que de ses lèvres pourries, il blasphème encore. Entretenir Johnny est un rude travail : il a beau se répandre (au sens propre, encore) en excuses, il n’en demeure pas moins qu’il salit tout. Le dernier des cassoulets , tout bouillant de colère, sort tout de même de son lit pour aller sauver la monarchie. Et quand Johnny s’en va- t-en guerre, ça fait mal : confrontés aux arguments frappants de Johnny et à sa tête de monstre, les factieux ont tôt fait de s’enfuir pour prendre un bain. Enfin Johnny finit par mourir entouré de sa femme et de ses organes vitaux. Mention spéciale à la potée Marie, à la tarte aux poireaux Knorr, à la bouillabaisse Findus et à tous les cassoulets du monde qui ont œuvré dans l’ombre pour ce film. Elle est pas belle, la vie ?
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